
Des chirurgiens de NYU Langone Health, aux Etats-Unis, ont transplanté un rein de porc génétiquement modifié, qui continue à bien fonctionner, après 32 jours chez un homme déclaré mort, selon des critères neurologiques et maintenu avec un cœur battant sous assistance respiratoire. Cette prouesse scientifique a été rendue possible, grâce à la collaboration des chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de France.
Une équipe de plusieurs chercheurs, dirigée par le Professeur Alexandre Loupy de l’Institut de transplantation multi-organes et de médecine régénératrice de Paris (PITOR), en collaboration avec l’Institut NYU Langone Health, a, pour la première fois, élucidé les mécanismes en jeu dans la réponse immunitaire, survenant après la greffe de reins de porcs génétiquement modifiés chez l’homme et a identifié des solutions thérapeutiques, pour prévenir le rejet de l’organe greffé.
Les découvertes de l’équipe du Pr Alexandre Loupy hissent ainsi la France à la pointe de la xénotransplantation (les transplantations de l'animal à l'humain). Cette étude ouvre ainsi de grandes perspectives pour réussir un jour, à transplanter des reins de porcs génétiquement modifiés, chez des receveurs humains vivants, avec une survie des greffons, acceptable à long terme.
Le premier obstacle à surmonter dans les xénotransplantations est la prévention du rejet hyperaigu, qui se produit généralement quelques minutes seulement après qu'un organe animal a été connecté au système circulatoire humain.
Afin de s'assurer que la fonction rénale de l'organisme est assurée uniquement par le rein de porc, les deux reins natifs du receveur de la greffe ont été enlevés par voie chirurgicale. Un rein de porc a ensuite été transplanté et a commencé à produire de l'urine immédiatement, sans aucun signe de rejet hyperaigu. Pendant la phase d'observation, le personnel clinique des soins intensifs a maintenu le défunt sous assistance, tandis que la performance du rein de porc était surveillée et échantillonnée par des biopsies hebdomadaires.
L'opération était la dernière d'une étude plus vaste approuvée par un comité de surveillance de l'éthique de la recherche spécifique à NYU Langone et a été réalisée après consultation du département de la santé de l'État de New York.
Cette recherche importante, qui, selon les responsables de l'étude, pourrait sauver de nombreuses vies à l'avenir, a été rendue possible, par la famille d'un homme de 57 ans, qui a choisi de faire don de son corps, après avoir été déclaré en état de mort cérébrale et dans des circonstances où ses organes ou tissus n'étaient pas adaptés à une transplantation.