Catastrophes naturelles : s’adapter, mais aussi se réinventer

Les inondations et autres dégâts causés par les eaux ont toujours existé sur notre île. Ce qui a changé, c'est surtout leur fréquence, leur intensité et leurs conséquences.
Catastrophes naturelles : s’adapter, mais aussi se réinventer

Les pluies torrentielles de ces derniers jours ont impacté tous les Mauriciens. Ces intempéries nous obligent à réfléchir sur notre environnement et aussi sur la façon dont nous impactons ce dernier. Les inondations et autres dégâts causés par les eaux ont toujours existé sur notre île. Ce qui a changé c’est surtout leur fréquence, leur intensité et leurs conséquences. La situation est simple : il pleut à verse, l’eau est dans un premier temps absorbée par la terre, puis le sol devient saturé, l’eau accumulée en surface cherche un chemin pour s’échapper (ruisseaux, rivières, voies d’eau naturelles ou drains d’évacuation) et finit dans la mer ou dans nos réservoirs. Mais, nous avons changé tout cela. Hélas.

La modernisation du pays, le bétonnage tous azimuts, les plans de développement urbain et rural à grande échelle, la construction sauvage ou celle qui ne tient pas compte de l’impact environnemental, les voies d’eau naturelles qui disparaissent sous le béton et l’asphalte, la pollution citoyenne avec des déchets jetés n’importe où, les arbres déracinés et pas replantés, les drains et rivières obstrués par notre laisser-aller environnemental et notre incivisme, entre autres, font que nous payons le prix fort quand le ciel déverse ses trombes d’eau sur nous. Nous sommes tous responsables. Nous devons donc nous adapter mais aussi nous réinventer.

A commencer par les services météorologiques. Météo Maurice subit la colère de beaucoup de personnes ces jours-ci. En cause des prévisions jugées pas à la hauteur voire inexacte plus souvent que rarement. On ne peut plus se contenter d’à-peu-près et de demi-certitudes. Des vies humaines sont en jeu. L’économie en dépend. Notre météorologie nationale doit se réinventer afin de faire face aux nouveaux challenges posés par le changement climatique. A l’ère de la communication instantanée et des outils de météorologie à la pointe de la technologie, nos prévisionnistes doivent être plus précis. Il leur faut s’enquérir de ce qui se fait de mieux dans des pays qui sont dans des situations climatiques similaires aux nôtres. Il faut expliquer et conseiller les gens sur les nouvelles mesures de prévention. Notre météo nationale doit s’adapter à la société changeante et à ses besoins.

Les services de météorologie mais aussi les décideurs politiques doivent tenir compte de la société dans laquelle ils opèrent. La cellule familiale n’est plus le même de nos jours. Le père et la mère de famille travaillent. Garder les enfants, s’il n’y a pas des grands-parents ou des proches, devient une casse-tête. L’employeur doit lui-aussi se montrer flexible et autoriser le travail à domicile si la nature de l’emploi le permet quand les parents se retrouvent devant un congé scolaire soudain et non-planifié.

Les autorités concernées, dont la police, les pompiers, les garde-côtes doivent elles aussi s’adapter aux conditions climatiques changeantes. Les différents ministères, dont celui de l’Emploi et du Travail, de l’Education, de la Santé, de l’Environnement, des Services publics, des Infrastructures nationales et d’autres qui s’occupent de secteurs ayant un impact sur le quotidien des Mauriciens doivent se réorganiser. Il faut venir avec des solutions adaptées aux besoins de la population quand survient des catastrophes naturelles. Ces solutions doivent être pratiques et efficaces.

L’heure n’est pas au « blame game ». Nous sommes tous responsables de ce qui nous arrive, que ce soit les différents gouvernements qui se sont succédé depuis l’Indépendance, les politiciens de tous bords, le secteur privé, ou le simple citoyen. Il nous faut désormais réfléchir et agir. Réfléchir aux actes et conséquences découlant de l’urbanisation de notre île, de la déforestation, de la destruction de la nature, de l’incivisme du citoyen mauricien. On doit prendre l’opinion des experts, des membres de la société civile et de tous les acteurs du développement de notre pays et venir avec des solutions et des recommandations pratiques.

Adaptons-nous aux nouvelles conditions climatiques et réinventons-nous afin de diminuer leur impact sur la société. Toute catastrophe naturelle entraîne derrière elle des scènes de désolation et des dégâts matériels et humains. Même avec des infrastructures les plus modernes qui soient, des fois on ne peut rien faire face aux éléments déchainés. Mais ce qu’on peut faire c’est travailler à trouver des solutions justes et équitables, qui vont résoudre nos problèmes avec le minimum d’impact sur notre environnement naturel. Sans aucune démagogie. Le changement commence par vous et par moi.

Sunil Gohin

CEO de Wazaa FM et d’Inside News

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