Changement climatique : changeons nos habitudes !

Nous devons changer notre mentalité. Avant de demander au gouvernement ou aux promoteurs du privé de changer, nous devons nous-mêmes nous changer.
Changement climatique : changeons nos habitudes !

Maurice s’est réveillé ce vendredi matin sous des conditions météorologiques désastreuses. Avertissement de pluies torrentielles, inondations et accumulations d’eau, rivières et ruisseaux en crue, routes impraticables et transformées en torrents, de l’eau boueuse dans les maisons et les commerces, drains obstrués, arbres déracinés, glissements de terrain, accidents de la route, etc. Toutes les écoles sont fermées et les secteurs public et privé à l’arrêt forcé, sauf pour les services essentiels.

Notre pays qui voyait littéralement ses réservoirs s’assécher de jour en jour est maintenant sous la menace de trombes d’eau venues du ciel. Avec ces situations catastrophiques sont aussi venues les récriminations et accusations de tout un chacun contre ceux qu’ils estiment responsables du désastre. C’est-à-dire n’importe qui d’autre. Le citoyen mauricien s’indigne de tout sauf qu’il oublie que souvent il est lui-même le premier coupable ! Oui, le climat change et affecte notre vie. Mais nous avons aussi de (mauvaises) habitudes qu’il nous faut changer.

Maurice est un pays tropical. Avec le changement climatique, les conditions météorologiques dans le pays se détériorent année après année. Les premiers colons européens, comme les Hollandais, avaient préféré abandonner Maurice, malgré sa position géostratégique, car ils n’en pouvaient plus de nos cyclones et autres intempéries tropicales. Au fil du temps, les habitants se sont adaptés au climat mais, depuis quelques dizaines de décennies, la modernisation du pays a entraîné derrière elle des conséquences inattendues avec lesquelles nous devons vivre maintenant.

Que voyons-nous ? Le Mauricien moyen bétonne à tout va ! Souvent, ce sont des constructions sauvages, sans planification ou approbation, qui contribuent aux désastres climatiques. L’eau de pluie au fil du temps se forge un passage naturel vers les zones d’évacuation du trop-plein d’eau : ce sont les « natural waterways », ces fameux drains, ruisseaux et canaux naturels. Le bétonnage systématique et le développement sauvage viennent boucher, voire éliminer ces passages d’eau naturels. Résultats : maisons et cours inondées, routes et chaussées défoncées et obstruées, glissements de terrain et érosions, débordements des rivières, etc.

Autre explication des maux qui nous affectent pendant et après une grosse averse : le « je-m’en-foutisme » du citoyen mauricien par rapport au respect de l’environnement. Le Mauricien est pollueur. Certes à des degrés différents mais pollueur quand même. L’irresponsabilité de nos citoyens est flagrante. Oui, les autorités ou des promoteurs du privé peuvent aussi se rendre coupable d’une mauvaise planification infrastructurelle. Mais, le citoyen aussi construit où bon lui semble et obstruit les voies d’eau naturelles. Il jette ses ordures n’importe où (dans les drains, chez le voisin, sur les terrains vagues, dans les ruisseaux et rivières, dans la forêt, sur les routes, à la plage, les lieux publics, etc.).

Avec la pluie, ces déchets viennent obstruer les drains et les rares passages naturels qui restent avec pour conséquences : inondations, accumulations d’eau, routes impraticables, entre autres. Ce papier gras négligemment jeté après avoir consommé notre « dholl puri » ou « fast food » ; ce mégot de cigarette, cette canette de boisson ou cette bouteille en plastique balancée avec désinvolture d’un autobus ou d’une voiture va revenir nous hanter les jours de grosses pluies.

Nous devons changer notre mentalité. Avant de demander au gouvernement, aux autorités locales, aux promoteurs du privé de changer, nous devons nous-mêmes nous changer. Un peuple pollueur va définitivement contribuer à la perte du pays. Bien sûr, nos dirigeants politiques et nos décideurs du public et du privé doivent eux aussi changer et s’adapter aux réalités du changement climatique. Nous devons prendre exemple sur ce qui se fait de mieux à l’international sur ces sujets spécifiques. Nos services météorologiques doivent repenser leur façon de communiquer tout en continuant à s’améliorer sur le plan technologique afin d’offrir des prévisions de plus en plus précises.

Nous ne sommes qu’au début de la saison pluvieuse. Les cyclones pointent le bout de leur nez dans la région. Le maître mot est « adaptation ». Un secteur parmi tant d’autres qui doit s’adapter au changement climatique : l’éducation. On ne peut certes se permettre de fermer les écoles à tout bout de champ. Mais il faut aussi veiller à la sécurité des enfants et des enseignants. Donc, le secteur doit s’adapter : cours à distance, utilisation des réseaux de communication ou des outils de technologie informatique, entre autres, qui permettraient à l’apprentissage de se faire même si les écoles sont fermées.

Le Mauricien sait se surpasser dans des moments difficiles. Nous l’avons vu avec la pandémie de la Covid-19. Nous devons nous entraider. Les effets du changement climatique et du développement moderne (et parfois non planifié) sont là pour durer. A nous de nous montrer responsables et résilients si on veut remporter la bataille face à l’adversité posée par les éléments climatiques. Ayons foi en notre vivre ensemble et en notre patriotisme !

Sunil Gohin

CEO de Wazaa FM et d’Inside News

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