Opinion - Violence contre la femme : allier incarcération et réhabilitation

La violence contre des femmes ou le féminicide à Maurice nécessite une analyse et une réflexion en profondeur.
Opinion - Violence contre la femme : allier incarcération et réhabilitation

Des 4 003 cas de violence enregistrés par les autorités cette année, environ 3 200 ont été perpétrés contre les femmes à Maurice. Ces chiffres ont été révélés par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors de l’inauguration du One-Stop Assistance Centre, le 'Family Support Service', samedi 26 novembre, en marge de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. La situation est grave ! Elle est d’autant plus grave, car de janvier à ce jour, six cas de féminicide ont été recensés. Cette tendance ahurissante est le reflet d’une société malade, dominée par des machos.

Un état des lieux permet de constater les atrocités que subissent des femmes (épouses, concubines, petites amies…) entre les mains de leurs bourreaux allant jusqu’à la mort. Le dernier cas en date est Sanjana Khoodeeram, âgée de 26 ans, qui a été poignardée à plusieurs reprises par son compagnon, Tayrish Buldy, un policier. Animé par la folie, ce dernier a mis le feu au cadavre à l’intérieur de sa voiture à Saint-Julien, à la mi-novembre.

Un autre cas de meurtre est Lalita Bissessur qui a été poussée dans les escaliers par son époux, Prakash Bangarigadu, 37 ans. Dans un premier temps, la thèse d’une chute accidentelle était privilégiée, mais après plus de deux semaines, la CID de Quatre-Bornes a pu démasquer le bourreau, grâce aux confidences de la défunte à sa sœur, Mala Bissessur. « Li dir mo ser pa dir li kinn pous li, pou li pa al dan prizon », confiait Mala Bissessur à un journal. Il y a aussi le cas de cette jeune femme, tuée par son concubin et laissée à l’abandon sur un terrain en friche à Roche Bois, voici plus d’un mois.

Last but not least, il y a le cas de cette employée d’un supermarché à Trou-aux-Biches, qui a froidement été assassinée à coups de “cutter” par son conjoint, sur un terrain vague, en bordure de la route, à proximité de la Mediclinic de Triolet en 2021. Tous ces cas sont inconcevables. Inadmissible que certains hommes puissent agir de la sorte. La liste des victimes est longue…

De fait, la violence contre des femmes ou le féminicide à Maurice nécessite une analyse et une réflexion en profondeur. Chaque année, la République de Maurice se fait un devoir pour commémorer la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes dans le but de sensibiliser les citoyens à la cause des femmes.

Le gouvernement sous la férule du Premier ministre va de l’avant avec l’institution d’un « Gender Based Violence Observatory ». Nous n’en disconviendrons pas que le High Level Committee on the Elimination of Gender-Based Violence prône la réhabilitation des agresseurs et non la poursuite pénale, en avançant l’argumentation que les bourreaux sont des malades qui doivent être soignés.

Toutefois, de nombreux Mauriciens adhèrent à un autre courant : répression, punition et prison pure et dure. « Rien ne va marcher, ni les beaux discours, ni la thérapie, ni l’encadrement psychologique. Si un homme est méchant, il restera méchant. S’il a l’habitude de frapper sa femme, il le fera toujours. Donc, sa place est à la prison !”, affirme une femme professionnelle. Des propos qui donnent matière à réflexion à nos décideurs politiques. Nous croyons fermement que l’incarcération doit aller de pair avec la réhabilitation.

George Alexandre

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