Opinion

Affaire Sherry Singh – le syndrome Sheik Hossen revisité ?

Sunil Gohin

Ce qui se passe ces jours-ci nous rappelle étrangement des faits qui se sont produits en d’autres temps. Les allégations de l’ex-CEO de Mauritius Telecom contre le Premier ministre et la vitesse à laquelle ces accusations ont été reprises par des politiciens en perte de vitesse, des journalistes, des déstabilisateurs professionnels, et des membres du public nous ramènent 44 ans en arrière. L’incendie des locaux du journal Le Mauricien en janvier 1978 et les accusations d’un certain Jean Paul Sheik Hossen contre la police et le gouvernement d’alors, accusations reprises par le MMM de Paul Bérenger au Parlement et en dehors, nous font replonger dans une sombre affaire de complot. Le syndrome Sheik Hossen a gagné certains et la maladie – l’opération « zet labou » – se propage.

Jean Paul Sheik Hossen, un jeune journaliste qui plus tard sera reconnu comme « fabulateur, menteur et psychopathe », accusait des membres de la Special Branch, qui deviendra le State Security Service (actuellement le National Security Service), de crime d’incendie. En cette année 1978, le secrétaire-général du MMM, Paul Bérenger, à qui Jean Paul Sheik Hossen aurait fait des « révélations », plonge tête la première dans la thèse d’un incendie provoqué par la police secrète et, accessoirement, le gouvernement. Il mène la charge contre le gouvernement de Sir Seewoosagur Ramgoolam et parle de complot.

Au Parlement, il eut même une fameuse déclaration de Paul Bérenger au Premier ministre, Sir Seewoosagur Ramgoolam : « Je jure sur la tête de mon fils que ce crime d’incendie a été l’œuvre du gouvernement… ». En 1978, le MMM n’allait (déjà) pas bien. Les Mauves perdaient des députés, qui allaient rejoindre les rangs travaillistes, et Paul Bérenger croyait peut-être trouver là un moyen de déstabiliser le gouvernement de SSR et d’arrêter l’hémorragie dans ses propres rangs. Cependant, après plusieurs mois d’enquête, le magistrat qui présidait la commission judiciaire rendit son rapport. Les allégations de Jean Paul Sheik Hossen contre la police ne sont pas avérées, l’accusateur ayant inventé l’histoire racontée au MMM et gobée par son leader.

Que voyons-nous aujourd’hui ? C’est un remake de l’affaire Sheik Hossen. On prend pour argent comptant toutes les allégations portées par Sherry Singh contre le chef du gouvernement. Les adversaires de Pravind Jugnauth, sans trop se poser de questions, s’engouffrent dans l’histoire brodée de fils d’or savamment tissée par l’ex-CEO de MT. Leur désamour envers le gouvernement les rend aveugles et sourds aux appels au bon sens des personnes qui utilisent leur tête pour réfléchir. Car la bulle Sherry Singh finira par éclater comme celle du « psychopathe » Sheik Hossen.

Déjà, nous voyons certaines personnes – qui, notoirement, ne sont pas des fans de Pravind Jugnauth – venir publiquement remettre en question toute l’histoire qui nous est vendue par Sherry Singh et son équipe. Balkrishna Kaunhye, pour ne pas le citer, oriente ses observations vers les liens qui uniraient Sherry Singh et l’équipementier Huawei. On sait tout le mal que pense de nombreux pays du géant chinois de la télécommunication, accusé d’espionnage, de « sniffing », et de pratiques douteuses mettant en péril la sécurité intérieure de ces nations.

À Maurice, plus de 65 % des équipements de MT sont de technologie chinoise. Safe City est presque totalement équipée par Huawei. Encore une fois, posons-nous les bonnes questions. De quelle grande multinationale sortent ces personnes récemment recrutées par MT (sans avis de recrutement), certaines durant les périodes de confinement, et placées à des positions stratégiques ? Pourquoi certaines de ces nouvelles recrues ont été promues et placées sur le « permanent pensionable establishment » il y a tout juste deux ou trois mois ?

Pourquoi des employés ayant fait carrière chez MT se sont retrouvés du jour au lendemain relégués à des postes subalternes ou tout simplement mis à la porte afin de faire de la place aux nouveaux venus qui avaient, eux, un accès direct à Sherry Singh ? Pourquoi le staff de MT a été évincé de « gros projets » jugés sensibles au profit des anciens cadres de la grande multinationale ? Étions-nous déjà espionnés et « sniffés » sans que nous le sachions ? Qui a autorisé tout cela ?

Le Premier ministre a le droit de prendre les mesures qu’il juge appropriées pour assurer la sécurité du pays, de ses habitants et de l’État. Si le Premier ministre pense que cette sécurité a été enfreinte, il a le droit de mener des enquêtes et de faire des études. Qu’aurait donc Sherry Singh à cacher qu’il ne voudrait pas que le gouvernement et la population ne sachent ? Est-ce lui qui aurait commis la vraie haute trahison ?

En jetant le mot « sniffing » comme un bout d’os à la population et en entrainant le Premier ministre dans ses allégations, espère-t-il sauver sa peau ? Aurait-il senti le souffle des enquêteurs sur sa nuque ? Car, encore une fois, n’oublions pas le contexte géopolitique. L’Inde et la Chine se livrent une bataille d’influence dans la région. Nous n’avons tout juste vu que le sommet de l’iceberg dans cette affaire. Nos politiciens de l’opposition et tous ceux qui boivent les paroles de Sherry Singh gagneraient à se remémorer l’affaire Sheik Hossen et son impact sur la crédibilité de ceux qui accordent trop de crédit aux délires d’un « affabulateur et psychopathe ».

Sunil Gohin,

CEO de Wazaa FM et d’Inside News

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