Selon une nouvelle étude publiée ce mercredi 14 février dans la revue Nature, fumer est si nocif pour l'organisme qu'il modifie le système immunitaire d'une personne, la rendant vulnérable à davantage de maladies et d'infections, même des années après avoir arrêté.
Bien que les taux de tabagisme soient en baisse depuis les années 1960, le tabac reste la principale cause de décès évitable aux États-Unis, avec plus de 480 000 morts par an.
Pendant des décennies, les professionnels de la santé ont dit aux fumeurs que cette habitude pouvait entraîner des problèmes graves tels que le cancer du poumon, les crises cardiaques ou les accidents vasculaires cérébraux, mais une étude de Nature offre une autre raison d'arrêter de fumer.
« Arrêtez de fumer dès que possible », avertit le Dr Violaine Saint-André, ingénieure de recherche au sein de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et coauteure de l’étude. « C’est une découverte importante pour mieux comprendre l’impact du tabagisme sur l’immunité d’individus en bonne santé mais aussi, par comparaison, sur l’immunité d’individus souffrant de diverses pathologies ».
Les chercheurs ont examiné au fil du temps des échantillons de sang provenant d'un groupe de 1 000 personnes en bonne santé âgées de 20 à 69 ans. Le groupe était composé à parts égales d'hommes et de femmes.
Les chercheurs ont voulu voir comment 136 variables, dont le mode de vie, les questions socio-économiques et les habitudes alimentaires, en plus de l'âge, du sexe et de la génétique, affectaient la réponse immunitaire. Ils ont exposé les échantillons de sang à des germes courants tels que la bactérie E. coli et le virus de la grippe et ont mesuré la réponse immunitaire.
Le tabagisme, l'indice de masse corporelle et une infection latente causée par le virus de l'herpès ont eu le plus d'impact, le tabagisme créant le changement le plus important. Il a eu presque le même impact sur la réponse immunitaire que des facteurs importants tels que l'âge ou le sexe.
Lorsque les fumeurs de l'étude ont arrêté de fumer, leur réponse immunitaire s'est améliorée à un certain niveau, mais elle ne s'est pas complètement rétablie avant des années, selon le Dr Darragh Duffy, responsable de l’unité Immunologie translationnelle à l’Institut Pasteur et également coauteur de l'étude.
« C’est la première fois que l’on met en évidence l’influence au long court du tabagisme sur les réponses immunitaires » a encore souligné le Dr Duffy.