« Dry January » est au cœur d'une querelle politique en France après que plus de 45 professeurs d'addictologie ont signé une lettre exhortant l'État à promouvoir un mois d'abstinence d'alcool. Le « Dry January », qui a vu le jour au Royaume-Uni il y a dix ans, a été introduit en France en 2020 sous la forme du "défi de janvier", promu par des organisations caritatives de santé.
Un groupe d'universitaires et de médecins spécialisés dans les addictions a écrit au ministre français de la santé pour lui dire que l'État ne fait pas assez pour faire campagne sur les risques liés à l'alcool et que le gouvernement devrait soutenir un mois sans alcool au début de l'année. Selon un sondage réalisé pour l'association Addictions France, plus de 60 % des Français souhaitent essayer ce mois en 2024, mais l'organisme public français chargé de la santé n'a pas fait la promotion du mois de janvier sans alcool et les responsables politiques sont réticents à l'idée de s'y associer.
Dans leur lettre sans précédent, les universitaires et les médecins ont déclaré que le soutien de l'État à l'initiative serait une opportunité et un "signe fort" qui «apaiserait» le débat sur la consommation d'alcool en France. «Il semble que la confiance dans le gouvernement pour mener une approche politique cohérente et résolue se soit sérieusement détériorée», indique la lettre, ajoutant qu'il est «plus que dommage» que le gouvernement continue à garder ses distances par rapport à la version française du mois de janvier sec.
Après les États-Unis, la France est le deuxième plus grand consommateur de vin au monde, et les hommes politiques français sont à l'écoute de l'industrie viticole du pays, qui emploie 500 000 personnes. Emmanuel Macron est considéré en France comme le président le plus favorable à l'alcool depuis la Seconde Guerre mondiale, affirmant qu'il boit du vin tous les jours, à midi et le soir, et qu'un repas sans vin est «un peu triste». Il a été filmé cette année en train boire une bouteille de bière en 17 secondes dans les vestiaires d'un club de rugby.
Le puissant lobby français de l'alcool affirme que la France est une nation qui boit traditionnellement avec modération, de sorte que le mois d'abstinence de janvier du Royaume-Uni n'est pas en phase avec sa culture et convient mieux aux buveurs excessifs d'Europe du Nord.
Pourtant, les défenseurs de la santé s'appuient sur des chiffres tels qu'un récent sondage réalisé par la Ligue française contre le cancer, qui a révélé que 70 % des parents français ne voyaient aucun inconvénient à donner de l'alcool à leurs adolescents pendant les fêtes de fin d'année. Une campagne sur l'alcool, soutenue par le gouvernement en janvier 2023, montrait des personnes frappant leur verre en disant "santé", suivi de la question suivante : « N'est-il pas un peu absurde de souhaiter la santé à quelqu'un avec de l'alcool ? » a suscité des objections de la part des producteurs d'alcool.
'Dry January' en France : Les ONG et les médecins spécialisés militent pour un mois sans alcool
