Affaire Sheik Hossen : quand Bérenger accusait Ramgoolam

Le mardi 18 avril 1978, au Parlement, le leader du MMM devait accuser le Premier ministre Ramgoolam et son gouvernement de complot.
Affaire Sheik Hossen : quand Bérenger accusait Ramgoolam

Ce mardi 18 avril est une date importante pour notre histoire politique locale : cela fait exactement 45 ans que Paul Bérenger, leader historique de MMM, portait des accusations graves au Parlement contre le Premier ministre d’alors et leader du Parti travailliste, Sir Seewoosagur Ramgoolam. SSR dirigeait un gouvernement PTr-PMSD-CAM. En effet, le mardi 18 avril 1978, lors de la traditionnelle séance du Parlement, le leader du MMM devait accuser le Premier ministre Ramgoolam et son gouvernement de complot et d’être derrière l’incendie qui avait détruit les locaux du journal Le Mauricien le 8 janvier 1978.

Paul Bérenger et le MMM se basaient sur les affirmations d’un jeune journaliste, Jean-Paul Sheik Hossen. Ce dernier accusait la Special Branch de la police (l’ancêtre du NSS) d’avoir sciemment mis le feu au bâtiment du Mauricien, dans un acte criminel délibéré, en vue de détruire, entre autres, le nouvel appareil offset qui allait permettre à la presse du Mauricien d’entrer dans une nouvelle ère technologique. Paul Bérenger, avec sa verve habituelle, dans une fameuse déclaration au Premier ministre Ramgoolam, alla même jusqu’à faire le serment suivant : « Je jure sur la tête de mon fils que ce crime d’incendie a été l’œuvre du gouvernement… ».

Jean-Paul Sheik Hossen avait accusé quatre officiers du Special Branch, dont le directeur Fulena, d’avoir planifié et mené ce crime d’incendie. Après avoir rencontré des membres du MMM, il leur a vendu son histoire. Histoire gobée par Paul Bérenger et ses camarades de parti. Voyant là une excellente occasion de bousculer le gouvernement de Sir Seewoosagur Ramgoolam, Bérenger s’engouffra dans la brèche sans vraiment se poser de questions. Les militants du MMM crurent Jean-Paul Sheik Hossen sur parole et c’est au Parlement qu’ils vont mener la charge. Cependant, invité à déposer les documents incriminants qu’il prétendait avoir en sa possession, Paul Bérenger ne devait jamais le faire.

Devant ces contradictions du leader du MMM, Ramgoolam père ne l’entendit pas de cette oreille. Récusant les accusations portées contre lui par Bérenger sous couvert de l’immunité parlementaire, le Premier ministre Ramgoolam ordonna la mise sur pied d’une commission judiciaire présidée par le magistrat Sadeck Namdarkhan. L’enquête judiciaire devait durer plusieurs mois. Des dizaines de témoins furent entendus dont Paul Bérenger et Jean-Paul Sheik Hossen lui-même.

Résultat des courses : à l’issue de l’enquête judiciaire, le magistrat devait conclure que les allégations de Jean-Paul Sheik Hossen contre la police, allégations reprises par Paul Bérenger, étaient fausses. Jean-Paul Sheik Hossen, qualifié de fabulateur, de menteur et de psychopathe, avait donc menti. Il aurait inventé l’histoire de complot de toutes pièces. Cette décision allait mettre à mal la réputation du leader du MMM, lequel aurait naïvement prêté foi à des accusations graves sans vraiment chercher à les vérifier.

Bérenger devait par la suite présenter ses excuses pour avoir cru aveuglément aux affabulations de Jean-Paul Sheik Hossen. Depuis, malgré cet épisode, le syndrome « Sheik Hossen » aurait frappé le leader du MMM à plusieurs autres reprises, le faisant voir des complots partout…même jusqu’à maintenant !

Sunil Gohin

CEO de Wazaa FM et d’Inside News

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