Pravind Jugnauth l’a répété hier, lundi 6 février : le combat contre la drogue est plus que jamais au centre de ses priorités. Le Premier ministre n’est on ne peut plus clair : « Mo rest determine pou eliminn ladrog dan nou pei ». D’ailleurs, les chiffres parlent d’elles-mêmes : depuis 2015, plus de Rs 13,7 milliards de drogues dangereuses ont été saisies par les autorités compétentes. On a aussi vu plus de 20 000 arrestations autour du trafic de stupéfiants durant cette même période. Il ne se passe pas un jour sans qu’on ait eu vent de la détection d’un cas de drogue par les services de police, de ceux de la douane, de la poste ou de la Mauritius Revenue Authority. La drogue est toujours bien présente dans notre société et il nous faut des décideurs politiques mais aussi des citoyens sérieux et engagés pour lutter contre ce fléau.
La drogue s’attaque à tous les Mauriciens, sans distinctions de classes sociales, d’appartenance ethnique ou de mode de vie. Il y a certes certaines couches de la population, parmi les plus vulnérables, qui y sont les plus exposées. On note aussi des victimes de la drogue parmi les jeunes. Certains drogués, en manque de leur dose habituel, n’hésitent pas à s’attaquer à des membres de leurs propres familles pour se procurer de quoi payer leur poison. D’autres deviennent des voleurs ou vont même jusqu’à se prostituer pour pouvoir s’acheter leur drogue. Cette drogue ne tue pas seulement le drogué à petit feu mais pourrit aussi la vie de ses proches, de ses amis ou collègues de travail. L’enfer du drogué devient aussi celui de son entourage.
Que faire devant ce fléau qui ronge notre société de l’intérieur, tel un cancer ? La question ne s’adresse pas uniquement au Premier ministre et aux membres de son gouvernement, ou encore moins à la police et aux instances de répression des trafics : elle est aussi posée aux Mauriciens. Oui, le combat contre la drogue est l’affaire de tout le monde. Ce combat commence au sein de notre famille. Nous devons conscientiser et éduquer nos proches et nos enfants sur les méfaits de la drogue. Même au sujet des drogues dites douces. Un enfant bien intégré socialement, ayant reçu une bonne éducation formelle et informelle, sera plus apte à se protéger contre les tentations liées aux drogues. De même, un jeune qui est professionnellement actif, et bien dans sa peau et dans sa tête sera difficilement influençable en termes d’addiction aux drogues.
Ce combat est donc un combat national. La lutte contre la drogue repose sur une responsabilité et une responsabilisation citoyenne. Nous devons surveiller notre quartier, notre rue, notre village et rapporter les moindres faits et gestes suspects. Les parents doivent savoir ce que font leurs enfants à l’école comme en dehors de la vie scolaire. La communication au sein de la famille est importante, tout comme le respect et le sens de l’écoute. Le combat contre la drogue est une lutte de longue haleine. Il ne se gagnera pas du jour au lendemain mais si tout le monde apporte sa contribution, notre société deviendra plus sûre et sécurisée.
Les maisons cossues, les cabanes qui se muent en « palais », les grosses berlines, les bijoux en or, etc. qui apparaissent soudainement chez des gens qui jusque là luttaient comme tout le monde pour s’en sortir doivent quand même nous mettre la puce à l’oreille, n’est-ce pas ? Ne devenons pas des complices passifs des réseaux de drogue. Dénonçons les cas d’enrichissements suspects, de business douteux et de signes extérieurs de richesse trop beaux pour être vrais. Ensemble, menons le combat contre la drogue.
Sunil Gohin
CEO de Wazaa FM et d’Inside News
