HIPPISME : Bon départ pour People’s Turf PLC

Elle était attendue au tournant. La nouvelle entité organisatrice des courses hippiques à Maurice, People’s Turf PLC (PTP), a réussi le pari de tenir la toute première journée des courses de la
HIPPISME : Bon départ pour People’s Turf PLC

Elle était attendue au tournant. La nouvelle entité organisatrice des courses hippiques à Maurice, People’s Turf PLC (PTP), a réussi le pari de tenir la toute première journée des courses de la saison 2022, hier, au Champ de Mars. Le directeur de PTP, Khulwant Ubheeram, et son équipe ont su relever le défi de « larg lekours » en seulement quatre jours. Les turfistes, restrictions sanitaires obligent, n’ont pu avoir accès à l’hippodrome mais n’ont pas manqué de renouer avec les pronostics et les paris pour cette journée inaugurale. Les yeux sont maintenant tournés vers le Mauritius Turf Club (MTC), qui n’a pas encore réglé les formalités pour valider son permis d’opération des courses.

Le MTC, avec sa filiale ; le MTC Sports and Leisure Ltd (MTCSL), a obtenu la cogestion de l’organisation des courses de la Gambling Regulatory Authority (GRA). L’institution historique, vieille de 210 ans, semble encore hésiter avant de se lancer sur la grande piste. PTP et MTCSL ont eu l’aval de la GRA pour organiser la saison hippique en journées alternées. Cependant, l’indécision du MTC, lequel compte quelque 600 membres, laisse planer de sombres nuages sur l’avenir des 350 employés du club. Ces derniers sont pris en tenaille entre des clashes de personnalité et d’ego au sein du club bicentenaire et se demandent, avec inquiétude, si leur salaire va pouvoir être assuré sur la durée.

Le problème est multiple. Outre les membres du MTC, qui, pour la plupart, ont le sentiment que leurs doléances et leurs interrogations ne sont pas entendues par la direction, les employés, les propriétaires de chevaux et les écuries sont eux-aussi dans l’expectative. Des propriétaires envisagent sérieusement de se désengager de l’industrie hippique, les frais d’opération devenant trop lourds sans le soutien du club.

Le MTC laisse entendre qu’il a du mal à assurer le salaire des employés, dont le montant tourne autour de Rs 3 millions par mois. Le plan de pension a du plomb dans l’aile. Le club tarde à prendre le permis d’opération pour lequel il a pourtant livré une rude bataille. Les employés n’ont aucune garantie que leur emploi sera sauvegardé. Des pertes d’emplois sont à craindre si le club ne fait rien pour décanter la situation. Quid de la solvabilité du MTC ? Comment réconcilier le fait que le MTCSL affirme avoir un business plan pour pouvoir organiser les courses hippiques en solo, d’une part, et, d’autre part, son aveu de ne pouvoir assurer les salaires ?

Toutes ces questions et d’autres encore sont en attente de réponses. La balle est maintenant dans le camp du MTC. Le patron de PTP, Jean Michel Lee Shim a, devant les médias, dimanche, réaffirmé son intention de s’asseoir à la table des discussions avec la direction du MTC. Il veut travailler avec le MTC et dit respecter les 210 ans de traditions et d’expériences du club pour qu’à la fin, ce soient les employés du MTC, les propriétaires de chevaux, les écuries et les turfistes qui en sortent gagnants.

Il serait souhaitable, en effet, que le MTC autorise ses employés à aider à l’organisation des courses tenues par le PTP, avec des conditions rémunératrices à la clé. Le club pourrait aussi louer ses bâtiments et autres facilités infrastructurelles à la nouvelle entité organisatrice. Ainsi, le nouvel organisateur pourrait bénéficier de l’expertise, vieille de 210 ans, du MTC et ce dernier pourrait contribuer à sauvegarder l’emploi de ses centaines d’employés, tout en protégeant ses quelque 600 membres.

Le MTC doit donc se reprendre en main car son avenir repose sur ses propres épaules. Ces 210 ans d’héritage ne peuvent être annihilés juste parce que certains font passer des considérations personnelles par-devant l’intérêt et le « greater good » des membres et des employés. Ces cinq dernières années, bien avant la pandémie de la Covid-19, les petits propriétaires de chevaux sont entrés dans une spirale de découragement. L’augmentation des frais d’entretien, de soins et d’alimentation des chevaux, entre autres, couplée avec le sentiment d’être délaissés par le MTC ont contribué à la morosité ambiante. Il faut que le MTC protège ses membres et ôte de leur tête les doutes qui se sont installés.

People’s Turf PLC a le mérite d’apporter une bouffée d’air frais au Champ de Mars, estiment certains. Par exemple, les Rs 10 000 que reçoivent les propriétaires pour chaque entrée dans une course, cela même si le cheval ne se classe pas, est une mesure qui a déjà été bien accueillie. Pour une première, PTP a réussi son pari. Sa direction doit être félicitée. Il est tout à fait normal que des couacs ou des manquements ont pu être notés ici et là, lors de la journée inaugurale. Cependant, PTP va devoir s’améliorer et apprendre de ses erreurs mais aussi des erreurs de son principal compétiteur. Et ne pas les répéter.

On ne peut comparer une institution bicentenaire avec une autre qui n’a eu que quatre jours pour se préparer. Il serait donc primordial que PTP et MTCSL s’asseyent à la table des discussions et planifient ensemble la saison 2022 au lieu de communiquer par médias interposés. La situation est simple : soit chacun fait son petit bonhomme de chemin de manière séparée ou bien les deux entités coopèrent et lancent l’hippisme mauricien sur une nouvelle base. Le MTC, au final, ne peut pas disparaître.

Sunil Gohin

CEO de Wazaa Fm & Inside News

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