L’alliance entre le Parti travailliste, le MMM et le PMSD peine à décoller. La colle (diri ?) entre ces trois partis semble ne pas tenir, malgré les efforts de leurs dirigeants respectifs. Maintenant, il semble présomptueux de notre part de s’attendre à un décollage quand la mayonnaise ne prend pas entre Navin, Paul et Xavier-Luc. « Zot pe kouyonn zot mem si zot krwar ki zot partizan pou re manz sa boul-la… », me disait un vieux tonton récemment. En vérité, l’électorat a déjà fait l’expérience des mamours entre le PTr, le MMM et le PMSD que ce soit dans des ménages à deux ou, comme maintenant, à trois. Verdict : ce n’est toujours pas du 40 % + 40 % + 5 sous qui fera un 60-0 voire même qui leur donnera une petite majorité contre le MSM de Pravind Jugnauth. Entre Navin, Paul et Xavier-Luc, c’est plutôt « problem dan menaz » que « lizie dan lizie » !
Nous sommes à une dizaine de jours du 1er mai et, à un an des élections générales, la Fête du travail est l’occasion idéale pour nos politiciens, surtout ceux des partis traditionnels représentés au Parlement, de tâter le pouls de l’électorat en galvanisant et en rameutant leurs troupes autour d’un grand rassemblement politique. Le leader du MSM, Pravind Jugnauth, a déjà annoncé la couleur. En cette année où le parti soleil célèbre ses 40 ans d’existence, il aurait été inconcevable pour la majorité gouvernementale de ne pas tenir un meeting le 1er mai. Le MSM sera à Vacoas et ses troupes sont déjà sur le terrain en vue de rassembler une bonne foule de partisans le Jour-J.
Le 1er mai a toujours été un excellent baromètre politique à Maurice. Il permet aux indécis et aux électeurs neutres de se faire une idée des forces en présence et aussi de jauger la popularité de tel parti ou de tel leader. C’est pourquoi c’est à peine croyable que Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval – qui ont été élus au Parlement pour la première fois en 1991, 1976 et 1987 respectivement – ne profitent pas du 1er mai pour faire le baptême de leur alliance (ou entente ?) devant leurs sympathisants ! Ce ne sont pas des novices en politique que nous avons là. Ce sont trois leaders aguerris et on aurait crû qu’ils jugeraient de la pertinence de profiter de ce 1er mai pour montrer leur force face au MSM. Eh bein, non.
Nos trois compères sont occupés à discuter attributions des « tickets », partage des circonscriptions, pinailler sur les candidats potentiels, s’entre-déchirer autour de qui occupera tel ou tel portefeuille ministériel, qui sera nommer ambassadeur, combien de « Chairpersons » chacun aura… Bref, ils sont déjà en train de découper le gâteau pour savoir qui aura la plus grosse part avant même que les ingrédients nécessaires ont été réunis. Entre-temps, l’électorat ne sait fichtre rien du programme électoral de la (més)entente PTr-MMM-PMSD et de ce que leurs trois capitaines comptent faire pour que leur bateau atteigne sa destination sans couler en cours de route.
Quand trois partis traditionnels, qui ne sont pas nés de la dernière pluie, n’arrivent pas à travailler ensemble, en équipe, on a le droit de se poser des questions quant à leur sérieux. C’est comme ça qu’ils comptent déboulonner le gouvernement ? Pravind Jugnauth doit sûrement dormir sur ses deux oreilles devant une opposition parlementaire aussi décousue, aussi peu solidaire et aussi faible.
Si Navin, Paul et Xavier-Luc n’arrivent pas à s’entendre pour tenir un rassemblent conjoint, comment vont-ils faire plus tard si, éventuellement, ils remportent les élections ? Leur entente se brisera dès les premiers coups de vent. Ce n’est pas sérieux. Les Mauriciens ne sont pas dupes. Entre une alliance forcée et contre-nature, d’une part, et une majorité gouvernementale qui travaille malgré les difficultés récentes et mêmes présentes, il n’y a pas photo. « Maryaz pa badinaz » nous dit le dicton. Navin, Paul et Xavier-Luc feraient bien de méditer là-dessus. Sinon, « problem dans menaz! »
Sunil Gohin
CEO de Wazaa FM et d’Inside News
