Revoilà Sherry Singh ! Singh, qui n’est pas « King » mais qui, dit-on, serait « Maharajah », revient au-devant de l’actualité après une longue période d’hibernation. Il lance une plateforme politique ce jeudi 23 février. Serait-ce la plateforme « Sniffing » ou la plateforme « Tsunami » ? On ne le sait pas encore. Mais ce qu’on sait par contre, c’est que l’ex-CEO de Mauritius Telecom refait parler de lui dans un contexte un peu particulier. Il nous revient en effet qu’une grosse pointure de la direction de MT aurait été récemment vu au quartier général de l’ICAC, à Réduit. De là à y trouver un lien avec le rapport de la firme américaine FTI Consulting – commandé par MT pour enquêter sur les recrutements et contrats touchant la Telecom Tower entre 2015 et 2022 – le pas est vite franchi. D’où les bruits de couloirs qui circulent sur le timing du lancement de la plateforme politique de Sherry Singh. Certains y verraient une tentative de freiner les ardeurs de l’ICAC…
Le 23 février, c’est aussi la date anniversaire de la création du Parti travailliste, 87 ans de cela. Pas sûr que Navin Ramgoolam et les Rouges apprécient le choix de cette date par Sherry Singh pour annoncer son entrée dans le monde politique. Depuis son départ médiatique de la direction de MT l’an dernier, Sherry Singh n’a presque plus refait parler de lui durant des mois, mis à part quelques annonces météorologiques concernant des tsunamis. Des tsunamis dont on n’a même pas vu de vaguelettes ni même un « jhant » comme aurait dit un bouillant politicien de l’opposition. On comprend désormais que les partis de l’opposition, surtout ceux de l’opposition parlementaire, ne veulent pas s’associer à l’ancien no. 1 de MT. Et là, avec l’ICAC qui s’intéresserait de plus près à Sherry Singh, ce dernier va vite devenir un paria politique.
L’histoire nous a enseigné que les nouvelles plateformes politiques, si elles ne se retrouvent pas au sein d’une majorité gouvernementale, ont bien du mal à exister. Prenons Nando Bodha pour exemple. L’ancien secrétaire générale du MSM, qui a lancé son parti politique après son départ du gouvernement, peine à décoller. Pourtant, Bodha jouit du statut de député, ce qui lui permet d’exister au niveau du Parlement et dans les médias. Malgré cela, Nando Bodha n’a pas de plébiscite populaire et même certaines grosses pointures de l’opposition l’auraient lâché. Comment croire un seul instant que Sherry Singh ferait mieux ?
Pour faire de la politique à Maurice, il faut bénéficier d’une assise nationale, d’inconditionnels du parti en grand nombre dans toutes les circonscriptions, de solides sources de financement, d’une crédibilité affirmée, et d’un projet de société réaliste et réalisable, entre autres. Jusqu’à présent, mis à part des allégations farfelues et des annonces climatiques, on n’a rien vu de solide chez Sherry Singh. Il se chuchote que même ceux qu'il a financés l’auraient laissé tomber. Croit-il que la politique se fait dans un salon feutré, en haut d’une tour d’ivoire, en regardant le peuple de haut ? Lui qui, dit-on, a le goût du luxe et du clinquant, possède-t-il l’empathie et l’abnégation nécessaire qui lui permettrait de comprendre la misère et la souffrance du peuple ?
Il semble évident que ce n’est pas là l’image que Sherry Singh projetterait de lui. A-t-il toujours des soutiens au sein de MT ? Reçoit-il toujours des informations confidentielles sur les « moves » de la nouvelle direction de la Telecom Tower ? Ses protégés lui tiendraient-ils informer des retombées des enquêtes de FTI Consulting le concernant ? Sait-il que l’ICAC « pe anvi get so figir » de plus près dans les jours voire dans les heures à venir ? Cela explique-t-il le rush autour du lancement de sa plateforme ce jeudi ?
Sherry Singh ne serait pas ce sauveur de la patrie dont il veut nous vendre l’image coûte que coûte. Personne ne croit un seul instant dans son baratin autour d’une réflexion politique pour soi-disant « sauver » le pays. Ce n’est pas le pays qu’il cherche à sauver. Ce soir, lors du lancement officiel de son entrée en politique, des questions pertinentes autour de ses sept années de gestion à MT devraient lui être posées. Des questions sur ses fréquentations et ses sources de financement aussi. Tout comme le ferait sans doute l’ICAC dans les jours à venir…
LA REDACTION
Sherry Singh : une plateforme politique pour freiner l’ICAC ?
