Violence à l’école : un phénomène de plus en plus inquiétant

L’école ne doit pas être une substitution au rôle du papa et de la maman. Beaucoup de parents gagneraient à méditer sur cette affirmation.
Violence à l’école : un phénomène de plus en plus inquiétant

« Zanfan nepli konn valer ledikasion. » Nos enfants connaissent-ils au juste la valeur de l’éducation ? On peut se le demander au vu de tous les cas d’indiscipline, d’intimidation, d’harcèlement, d’agression, de comportement troublant qui émaillent la vie de nos écoliers et collégiens ces derniers temps. Il ne se passe pas une journée sans qu’on entende parler de cas de « bullying », de racket, de violences physiques et verbales et sans qu’on ne voie fleurir des vidéos chocs sur les réseaux sociaux. Des images qui soulignent l’étendu des actes répréhensibles que peuvent commettre certains de nos garçons et de nos filles à l’intérieur et à l’extérieur de leurs écoles. La dernière vidéo en date concerne un groupe d’élèves d’un centre de formation du MITD qui s’en prennent violemment à un de leurs condisciples.

La violence semble s’être banalisée, que ce soit à la maison, au boulot, en société ou encore à l’école. On a l’impression qu’adultes comme enfants, les gens sont tendus, stressés, perdus, confus… Nous avons tendance à l’oublier mais nos enfants nous copient. Ils ne font que répéter les gestes et les comportements des adultes. Bon ou mauvais, les adultes sont des exemples. Les parents oublient souvent que leur premier rôle est d’éduquer leurs enfants. L’éducation à la société, aux bonnes manières, aux sentiments, aux émotions reposent en grande partie sur les épaules des parents.

L’école ne doit pas être une substitution au rôle du papa et de la maman. Beaucoup de parents gagneraient à méditer sur cette affirmation. Si les parents sont calmes, ont un bon raisonnement, savent écouter, parler et discuter de manière civilisée, sans faire usage de violence pour soutenir ce qu’ils avancent, les enfants suivront leur exemple. Si par contre les parents montrent le mauvais exemple, glorifient le recours à la violence et la méchanceté et ne réprimandent pas l’enfant quand celui-ci s’est mal comporté à l’école comme en société, leur enfant va grandir avec ce sentiment d’impunité si caractéristique des tyrans et des brutes. Ce qui aide à produire ces fameux « bullies » qui sévissent dans nos écoles ou dans nos gares routières, par exemple.

On ne peut pas blâmer les enseignants et autres éducateurs pour tous les cas d’indiscipline et de violence. L’administration scolaire fait ce qu’elle doit faire. Mais il faut aussi savoir que notre système éducatif fait face à quelques problèmes inhérents : enseignants démotivés, infrastructures vétustes, administration lourde, absentéisme grandissant du personnel enseignant et non-enseignant, élèves qui ne veulent plus apprendre et qui ne font plus d’effort, indiscipline, insécurité, démission des parents… Ne nous voilons pas la face : nous avons beaucoup de problèmes à l’école.

Ces problèmes sont liés les uns aux autres : parents, enfants, enseignants, administrateurs, société civile, tout le monde a sa part de responsabilité dans chaque chose qui ne tourne pas rond dans notre éducation nationale. Malheureusement, à chaque cas d’intimidation ou d’agression par des élèves envers leurs camarades, les réseaux sociaux vont s’enflammer deux ou trois jours et puis on passera à autre chose. Il faut que cette violence scolaire cesse ! Cela ne sert à rien d’être indigné sur Facebook si on ne fait rien concrètement pour combattre le « bullying ». Il faut agir dans la vraie vie et corriger l’arbrisseau qui pousse de travers avant qu’il ne devienne complètement tordu à l’âge adulte.

Nos enfants doivent savoir que si le gouvernement et les autorités font tout pour faciliter leur apprentissage éducatif en y injectant des milliards de roupies annuellement (éducation gratuite, transport gratuit, livres scolaires gratuits, repas gratuits, aides sociales mensuels, soins de santé gratuits, etc.), ce n’est pas pour qu’ils manquent à leurs responsabilités. Oui, nous devons rappeler à nos enfants qu’ils ont des responsabilités et que même la gratuité à un prix. Ce n’est pas en agissant comme des voyous en classe ou dans les gares routières que nos jeunes vont grandir sainement.

Nos jeunes (et leurs parents) doivent comprendre que l’école n’est pas une garderie et que les profs ne sont pas des baby-sitters. Nos enfants doivent comprendre que l’école n’est pas un lieu de rencontre pour bandes de copains et de petits caïds du dimanche. On n’envoie pas nos enfants à l’école pour qu’ils se fassent agresser verbalement, psychologiquement et physiquement. Aucun parent ne souhaite que son enfant soit maltraité et blessé par ses « camarades » de classe. Alors, éduquons nos jeunes. Disciplinons-les. Rappelons-les leurs responsabilités. Avant que la situation n’échappe à tout contrôle.

Sunil Gohin

CEO de Wazaa FM et d’Inside News

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