Lors des travaux parlementaires de ce mardi 17 juin, le Premier ministre Navin Ramgoolam a mis en garde contre l’insoutenabilité financière du Basic Retirement Pension (BRP), dénonçant les politiques imprudentes du précédent gouvernement. Il a expliqué que la génération active actuelle finance les pensions des retraités, mais que la diminution du nombre de travailleurs et l’augmentation du nombre de pensionnés rendent ce modèle non viable à long terme. « Ce système est relativement viable lorsque le nombre de travailleurs est nettement supérieur à celui des retraités. Mais lorsque le nombre de travailleurs diminue et que celui des pensionnés augmente fortement, le système devient fiscalement insoutenable et financièrement intenable », a-t-il soutenu.
Le Premier ministre a souligné que Maurice est l’un des rares pays à accorder une pension de vieillesse dès 60 ans, sans cotisation préalable ni condition de ressources. Dans la plupart des pays développés, la pension est versée à partir de 65 ans, souvent avec des critères de revenus ou une contribution obligatoire. Pour assurer la viabilité financière et l’équité intergénérationnelle, il estime que la BRP doit être réformée. « Sans réforme, cette proportion continuera inexorablement à croître », a-t-il averti.
Les données financières confirment l’urgence de la réforme. La part du BRP dans le PIB est passée de 1,9 % en 2010 à 7,8 % aujourd’hui, et continuera d’augmenter sans réforme. La proportion du BRP dans les dépenses récurrentes du gouvernement est passée de 9,6 % en 2010 à 24,5 % en 2024-2025, tandis que la part du BRP dans les revenus récurrents du gouvernement a grimpé de 9,7 % en 2010 à 80,6 % en 2024-2025. En valeur absolue, les dépenses du BRP sont passées de Rs 5,97 milliards en 2010 à Rs 55,4 milliards en 2024-2025, et pourraient atteindre Rs 100 milliards d’ici 2035.
La population âgée de 60 ans et plus a considérablement augmenté, passant de 186 400 en 2015 à 257 600 en 2024, et pourrait atteindre 313 000 en 2038. « Sans réforme, le système de pension pourrait manquer de fonds si cette trajectoire démographique se poursuit », a prévenu le Premier ministre. Le taux de fécondité a chuté de 5,9 % en 1960 à 1,34 en 2024, bien en dessous du seuil de remplacement de 2,1 %, ce qui entraînera une diminution de la population active. « Sans réforme, il y aura beaucoup moins de travailleurs pour financer les pensions d’un nombre croissant de retraités », a-t-il ajouté.
Face à ces défis, la réforme prévoit l’alignement de l’âge d’éligibilité à la BRP sur 65 ans, afin de garantir l’équité intergénérationnelle et la pérennité du système. Cette mesure vise à éviter une crise budgétaire et à assurer une répartition plus juste des ressources entre les générations.